dimanche 21 août 2016

"Charlotte la Républicaine" chantée à Troyes en 1851


"Charlotte  la Républicaine" fut chantée à Troyes le 1er septembre 1851 vers 8 heures du soir dans le cabaret du Sr Blanchard rue de la Pie. Chantée par Françoise Chanvin, épouse Dambonville, reprise par une partie de l'assistance.  Une rixe éclata entre le mari de Françoise Chanvin et un autre spectateur.
A la demande du Procureur de la république une enquête fut conduite par la police, des interrogatoires des divers protagonistes conduits par le Juge d'instruction du Tribunal de première instance de Troyes (Hugues Truelle), l'intervention du Procureur général de la cour d'appel de Paris qui demanda le 25 novembre 1851 le renvoi de Françoise Chanvin devant la cour d'assise de l'Aube pour avoir :
1.  cherché à troubler l'ordre publique enn excitant le mépris ou la haine des citoyens les uns contre les autres;
2.fait l'apologie de  faits qualifiés de crimes ou de délits.

L'audience de la Cour d'assise programmée le 15 décembre n'eut pas lieu, l'affaire étant "arrêtée par mesure administrative", une des conséquences du coup d'Etat du 2 décembre 1851.
Le retrait de cette affaire de la session de la Cour d'assise fut motivé le 9 décembre 1851 "attendu que dans l'état actuel des esprits, l'examen d'une affaire ayant un caractère politique pourrait donner lieu à des débats contraire à la bonne administration de la justice (sic)".

En 2015, lors d'une journée consacrée aux chansons sociales par l'Association ADAMIOS-89, la chorale de Villefargeau a interprétée une version de cette chanson républicaine.





Texte de Noël Mouret

Refrain
Chacun me nomme avec orgueil
Charlotte-la-Républicaine
Je suis la rose plébéienne
Du quartier Montorgueil.

Pendant les trois grands jours,
Leste comme la foudre,
Je portais la poudre
Aux enfants des faubourgs;
Au nez des fantassins
Mitraillant nos mansardes,
Je faisais des cocardes
Pour les républicains.

De mon ciel toujours pur
Dieu protège l’étoile,
Mon vaisseau n’a pour voile
Que mes grands yeux d’azur;
Dans les bosquets charmants
Où l’amour se recueille,
En folâtrant j’effeuille
Les fleurs de mon printemps.

Sous les lois du lien
Un jour si je me range,
Je veux que mon bon ange
Ne soit plus mon gardien;
Riant du préjugé,
Quand un amant me gruge,
Sans le secours d’un juge,
Je signe son congé.

Riches, vos diamants
Ne me font point envie,
J’ai pour dorer ma vie
Une foule d’amants,
Dotez vos Marion,
Rivales des duchesses,
Qui vendent leurs caresses
À l’ombre d’un blason.

J’aime la liberté,
Je donnerais pour elle
La dernière étincelle
De ma folle gaîté,
Fille d’un montagnard,
Pour frapper dans l’arène,
Je porte dans sa gaine
Un terrible poignard
.
Du temple de la peur,
Toi qui jamais ne bouge,
Les Républicains rouges
Te glacent de stupeur!
Ton trône vieux et veuf,
En vain on le restaure;
La France n’est encore
Qu’à son quatre-vingt-neuf.

Défenseurs courageux
De l’œuvre sociale,
Immolés par la balle
Des bourgeois furieux,
Sur vos tombeaux sans croix,
Sans crainte pour mes charmes,
J’irai verser des larmes
Et prier quelquefois.




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