samedi 21 décembre 2024
mercredi 18 décembre 2024
samedi 14 décembre 2024
jeudi 5 décembre 2024
dimanche 1 décembre 2024
Nécrologie de Jules Léon Cottet, fils d'Ambroise Cottet, décédé en 1913 aux Etats Unis
Rubrique nécrologique
Jules
Léon COTTET 1835-1913
publiée dans l’Illinois State
Journal
le 2 juin 1913
Les funérailles de feu Jules
Leon COTTET, résident très connu et respecté de cette ville
(Springfield), se sont déroulées à Los Angeles, le lundi 26 mai
1913 à 14h30. Une courte mais belle cérémonie, respectant le
rituel funéraire ingersollien, a été conduite par la Société
Libérale de cette ville. Le corps a été transporté de la chambre
funéraire jusqu’au crématorium. La crémation s’est faite dans
l’intimité.
M. COTTET est arrivé à Los Angeles le 27
avril, accompagné de son épouse et de sa fille Julie. Il avait une
santé défaillante depuis quelque temps et le climat rigoureux et
les changements soudains de température lui étaient très néfastes,
il pensait améliorer son état en se rendant en Californie. Ils
arrivèrent à Los Angeles le 30 avril. Le lundi suivant, M. COTTET
était frappé d’apoplexie. Il fut très malade pendant près de
trois semaines, déclinant progressivement jusqu’à sa disparition
le 24 mai. .
M. COTTET était né à Troyes, France, en 1835.
Son père Ambroise Napoléon COTTET, était un éminent professeur et
un savant à cette époque. Son fils Jules fut très tôt connu comme
le « vieux jeune homme », eu égard à sa maturité d’esprit et à
son comportement largement dus au fait qu’il était le compagnon de
tous les instants de son père et son associé scientifique.
M.
COTTET a reçu sa prime éducation dans l’école où son père
était professeur de mathématiques. Puis à Châlons sur Marne, dans
une institution qui a encore une réputation mondiale, et qu’il
intégra en 1847 à l’âge de douze ans (vraisemblablement l’Ecole
mutuelle primaire préparant à l’Ecole Royale des Arts et
Métiers).
Nombre d’incidents marquants étaient déjà
intervenus dans sa courte jeunesse pour le rendre digne de porter son
surnom de « vieux jeune homme ». Son grand-père, un vétéran de
Napoléon Ier, voulait en faire un marin. Il s’essaya à la
navigation maritime pendant une courte période, mais il ne trouva
jamais son pied marin. Le travail qu’on lui demandait, il aurait pu
l’accomplir à terre, mais le mal de mer mit un terme à sa
carrière navale.
Pendant qu’il suivait ses études dans
l’école de Châlons il fit connaissance pour la première fois
avec le goût de la guerre. Le 18 septembre 1848, un soulèvement
révolutionnaire survint à Francfort sur le Main, son objectif était
d’obtenir une Assemblée nationale et une république
allemandes.
M. COTTET et plusieurs de ses condisciples
partirent pour l’Allemagne. En arrivant à Mayence, ils trouvèrent
une ville complètement désorganisée, sans chef, ni dirigeant. Les
garçons ne purent franchir à nouveau le Rhin, les Prussiens étaient
entre eux et leur patrie. Ils craignirent d’être arrêtés en
France, et ils partirent vers le sud du Rhin vers la Suisse. Là ils
rencontrèrent les officiers recruteurs de GARIBALDI qui les
enrôlèrent sous leur bannière.
A ce moment, le mouvement
libéral à Rome était devenu trop puissant pour être contrôlé
par le Pape. Le comte ROSSI, un farouche opposant du mouvement
libéral, fut nommé chef du gouvernement. Le peuple de Rome en fut
indigné. Le 15 novembre 1848, ROSSI était assassiné sur les
marches de l’Assemblée. Les troupes républicaines de GARIBALDI
marchèrent sur le Palais pontifical, un combat au corps à corps
avec la Garde pontificale s’en suivit. M. COTTET et ses camarades y
participèrent. Il en fut décoré ultérieurement par GARIBALDI pour
avoir fait un prisonnier.
Le Pape prit la fuite le 23
novembre. Il demanda l’assistance des puissances catholiques. En
avril 1849 la France républicaine envoya le général OUDINOT et 4
000 hommes contre Rome. GARIBALDI s’échappa pendant le siège. Les
jeunes soldats français n’eurent guère le choix.
Rester
dans la ville et être faits prisonniers par les soldats français,
cela aurait été dur pour eux. Tenter de s’échapper et c’était
presque une mort certaine. M. COTTET fut caché quelques jours par
une famille accueillante, et finalement il s’échappa et fit son
retour en France. Grâce aux efforts combinés de son père et de ses
amis, il évita les conséquences néfastes de son escapade. Il
réintégra son école, mais il fut pris une nouvelle fois dans les
tourments de la guerre.
Le 2 décembre 1851, Napoléon III
renversa la République française et se proclama empereur. Dans les
combats sur les barricades le frère aîné de M. COTTET, Jules
Pierre, fut tué. Tous les républicains furent arrêtés dans leur
lit, et parmi eux, M. COTTET et son père. Sans procès d’aucune
sorte ils furent numérotés et jetés en prison pour y attendre la
mort. Chaque jour, des nombres étaient appelés, ceux qui portaient
ces nombres étaient extraits et fusillés. La misère dans ces
geôles était terrible. Ceux qui restèrent furent transportés en
Algérie après un certain temps.
Près d’Alger, M. COTTET
et son père, avec beaucoup d’autres, furent emprisonnés au Camp
de Birkadem. Là encore souffrances et morts frappèrent. Une
épidémie de choléra survint, les bien-portants devaient secourir
les malades. Le fils, Jules, fut chargé de coudre les sacs dans
lesquels les cadavres étaient mis avant d’être enterrés. Le
choléra l’épargna, mais il eut la dysenterie qui faillit
l’emporter. Sans les efforts amicaux d’un arabe influent qui
l’hébergea dans sa tente et prit soin de lui, il aurait
succombé.
Les quelques prisonniers encore vivants obtinrent
la ville comme prison jusqu’à ce que de nouveaux troubles en
France provoquèrent leur enfermement au fort Bab-Azoun, un fort
construit juste au-dessus de la mer.
C’est de cet endroit,
que M. COTTET fit ses adieux à son père, il plongea dans la mer
avec plusieurs camarades assez audacieux pour tenter une évasion.
Ils furent repêchés par un petit bateau qui les déposa en Espagne.
Ils traversèrent l’Espagne et le Portugal à pied. Dans un petit
port près de San Sebastian, il embarqua dans un petit bateau à
voile arborant le drapeau « stars and stripes ». Quarante-quatre
jours de traversée pour rejoindre le port de la Nouvelle-Orléans,
44 jours avec un mal de mer incessant pour le jeune fugitif. Il
débarqua le 24 octobre 1854 à la Nouvelle-Orléans. Il n’y resta
que quelques jours puis il se rendit à Saint Louis pour y trouver du
travail.
Plus tard, il se prit d’intérêt pour la Société
icarienne, fondée par Etienne CABET à Nauvoo, Illinois, il s’y
rendit pour y devenir membre, occupa la fonction de secrétaire
pendant un temps. Pendant son séjour dans la société il épousa
Irma JONVAUX. Quand la société se scinda, il retourna avec sa femme
à Saint Louis. Il vécut un moment dans une ferme à l’embouchure
de la rivière Illinois.
Quand la guerre civile éclata il
vint à Springfield et s’enrôla dans le régiment Vaughn. Il
servit deux ans, ses activités étant localisées à l’ouest, au
Tennessee, à l’Arkansas… Il fut nommé capitaine de la 44ème
Unité régulière de l’infanterie de couleur. Sa connaissance
approfondie des tactiques militaires et de la pratique du sabre le
porta en avant comme un maître instructeur prenant autant de
responsabilités qu’il pouvait en assumer. Nombre de soldats qu’il
forma se souvenaient avec respect du « Yankee français », nom sous
lequel il fut bientôt connu. Ses amis parlent de ses exploits
audacieux pendant cette période de sa vie, et certains se
souviennent de sa sévérité envers les soldats sans loi, de sa
justice stricte, envers tous hommes de couleur ou blancs. Il était
bien appréciés par les hommes éminents de cette époque, LINCOLN y
compris.
Après la guerre il eut pendant de nombreuses années
un atelier de serrurerie sur la Quatrième rue, à l’arrière du
lycée. Il devint aussi membre de la brigade des pompiers,
responsable technique de la vieille pompe à incendie Silsby de la
caserne n°2. Il se consacrait à ce vieil équipement. Bien des
années après qu’il eut quitté la brigade du feu, il continua à
travailler en extra sur le moteur Silsby. Le dernier incendie pour
lequel il fit fonctionner la pompe Silsby toute une nuit avec de bons
résultats fut celui du parc de poutres Vredenburgh en janvier 1904.
Dans sa profession, il était un adepte du paiement comptant et des
affaires saines ; dans ses relations avec le conseil municipal il
était viscéralement opposé aux abus de pouvoir.
M. COTTET a
eu une santé chancelante pendant quelque temps, il espéra qu’un
changement de climat pourrait lui être salutaire et il partit pour
Los Angeles le 27 avril. Une semaine plus tard il était victime
d’hémorragies cérébrales. Son état empira jusqu’à son décès,
le samedi 24 mai.
Sa première femme mourût lorsqu’il
vivait sur la Quatrième avenue, le laissant avec deux enfants Eugene
et Leonie. Il épousa en secondes noces, Clara WOLPERT de Belleville.
De cette union naquirent deux filles, Julie, maintenant à Los
Angeles, et Felicie, devenue Mme Ernest B. SNIDER de notre ville
(Springfield).
En 1884, il acquit une ferme fruitière à
l’ouest de notre ville, il y vécut jusqu’en 1904, il revint au
centre-ville, acheta une maison 810 Park avenue, où il vécut
jusqu’à son récent départ pour Los Angeles.
M. COTTET
laisse derrière lui sa femme, Mme veuve Jules Leon COTTET, sa fille,
Julie, toutes deux à Los Angeles ; un fils Eugene de Bloomington ;
une fille, Mme Ernest B. SNIDER de Springfield, et sept
petits-enfants, Jules Eugene COTTET de Springfield, Viola, Julie,
Laura, Lavery et Merritt COTTET de Bloomington et Virginia Louise
SNIDER de Springfield.
(ingersollien d’après Robert Green
INGERSOLL 1833-1899 colonel, avocat, libre-penseur, agnostique)