En 1942, cette œuvre fut détruite et fondue avec d'autres œuvres artistiques de Troyes à la demande de l'occupant.
Voici l'histoire de ce médaillon telle qu'elle peut être reconstituée à partir des Archives municipales de Troyes.
Le
médaillon « Julien Joseph Jacquin » de Désiré Briden.
Par testament en date du 7 mai 1906, Monsieur
Gustave Jacquin, demeurant en son vivant à Paris, a légué à la ville de Troyes,
une somme de 5000 Frs sous la condition d’ériger, sur le cours Jacquin, un
médaillon représentant les traits de son père, inventeur de la première
mailleuse à dents mobiles.
La municipalité avait fait préparer un projet dont
la guerre a empêché l’exécution.
Quand il s’est agi de reprendre ce projet la
nouvelle dépense serait montée à plus de 15 000 Frs et la ville ne pouvait
pas supporter l’excédent. Monsieur Léon Jacquin, fils du testateur et légateur
universel en a été avisé. Le service technique a préparé un projet moins
coûteux pris en considération par la Commission municipale.
Ce projet a été adressé à Monsieur Jacquin qui l’a
accepté par une lettre du 13 novembre 1920.
Il consiste à encadrer le médaillon en bronze
éxécuté par M. Briden dans une plaque en marbre sculptée dans la masse, qui
sera fixée sur le mur du groupe scolaire situé à l’entrée du cours Jacquin. MM.
Chrétien et Legoux, sculpteurs, rue du Gros Raisin se sont engagés à l’exécuter
moyennant le prix forfaitaire de 3800 F.
Le Conseil municipal de Troyes a accepté le 20
novembre 1920 cette proposition et a autorisé le Maire à passer marché avec MM.
Chrétien et Legoux.
Pendant une vingtaine d’années le médaillon Jacquin
a orné le mur de l’école du Dr Auguste Millard jusqu’à la seconde guerre
mondiale.
En exécution d’une loi du 11 octobre 1941, le Préfet
de l’Aube, a informé le Maire de Troyes le 6 février 1942 qu’après avis d’une
Commission spéciale, il devait être procédé à l’enlèvement des statues et
monuments métalliques ne « présentant pas un intérêt historique ou
artistique » :
-
Le buste du comte de Launay et un
agriculteur et sa charrette dans un jardin public place de la gare,
-
Le buste de Louis Mony et d’une femme
nue « La Vérité » place de la gare dans un jardin,
-
le « Rapt » place de la Préfecture,
-
le Génie et le sujet au pied du monument aux
« Bienfaiteurs » place Jean Jaurès,
-
la statue existant au musée de Troyes,
-
la statue représentant une baigneuse
sortant du bain, jardin du Rocher,
-
la statue d’Hector Pron à Troyes,
-
-le médaillon de Jacquin à Troyes.
Il était demandé aux services compétents de prendre
toutes dispositions pour permettre l’éventuelle reconstitution future des
statues et sauvegarder l’intérêt des communes intéressées.
Par un courrier du 1er avril 1942
( !), le Groupement d’importation et de répartition des métaux (société
anonyme à capital variable) informait le Maire de Troyes qu’il venait de
recevoir les monuments qu’il avait fait enlever dans sa commune :
Pron (buste), Jacquin (médaillon), Génie monument
Bienfaiteurs, Les Raisins, Comte de Launay (buste), ancien Maire Molly ( sic
pour Louis Mony). Les poids indiqués sur les reçus serviront au remboursement
ultérieur de la valeur métal des statues en bronze mobilisées en 1942 :
Pron (buste) 50 kg, Mony (buste) 50 kg, médaillon Jacquin 24,5 kg … dans la
mesure où la ville de Troyes sera en capacité d’en justifier la propriété.
En tout 2956
kg d’œuvres artistiques furent fondues.
En 1949, la ville de Troyes accepta le principe du
paiement de la valeur métal des monuments disparus mais en ne renonçant pas à
la réparation du préjudice artistique causé.
La plupart des œuvres bénéficières d’une
restauration totale ou partielle : Pron, Mony, de Launay, le Rapt…
Le médaillon Jacquin et le monument aux Bienfaiteurs
n’en profitèrent pas. Le souvenir du monument aux Bienfaiteurs survit grâce à
quelques photographies et cartes postales, le médaillon Jacquin parait avoir
été oublié.
Seuls restent
les dessins, élaborés pour les deux projets, conservés aux Archives municipales
de Troyes.
Mais, il existe peut-être quelque part une ou
plusieurs photographies voire des cartes postales conservées qui pourraient réapparaître et permettre de faire connaître le visage de cet inventeur engagé socialement autrement que par une reproduction de tableau publiée dans un ouvrage consacré à la famille Séréville qui a repris les brevets Jacquin pour construire des métiers à Saint-Just-en- Chaussée dans l'Oise. !
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