M. Bigey, serrurier-mécanicien à Troyes, âgé de trente-cinq
ans conduisait une pompe à incendie sur un chariot dont le poids total peut
être évalué à 1500 livres. Il fut renversé de son siège par l’emportement du
cheval; étendu sur le sol, une roue lui passa sur la jambe gauche.
Appelés une heure après l’accident dans la nuit du 21
décembre 1833, les docteurs Fourcade et Patin, constatèrent une fracture du
tibia à deux pouces au-dessus de la malléole et lui portèrent les premiers
soins avec la réduction de la fracture.
Le lendemain matin, le Dr Fourcade poursuivit les soins et
appliqua l’appareil des fractures de jambe décrit dans la clinique du
professeur Larrey.
Au bout d’un mois de séjour alité, l’accidenté « homme actif d’esprit et de
corps, » ne supporta plus l’obligation de rester au lit. Le Dr Fourcade
songea à utiliser la suspension de Sauter et donna la préférence à l’appareil
simplifié de M. Mathias Mayor de Lausanne, qui consiste en une planchette
proportionnée au membre fracturée, percée de quatre trous, un à chaque angle,
dans lesquels passe une corde formant deux anses parallèles saisies au milieu
par un crochet. Le patient étant un mécanicien réputé, en moins d’un jour il
mit au point cet appareillage en détournant un support se trouvant dans son
atelier pour un autre usage.
Le Dr Fourcade communiqua un croquis représentant son patient dans son atelier, publié dans une revue
médicale relatant cette opération et la convalescence .
C’est la jambe portée sur ce petit hamac garni d’un coussin
de balles d’avoine que notre blessé a attendu patiemment la consolidation de sa
fracture, se levant tous les jours, dirigeant son atelier.
Le 16 février 1834, cinquante-sixième jour après l’accident,
l’appareil fut levé en présence de plusieurs médecins qui constatèrent la
grande solidité et la régularité du cal, résultat de la compression exacte,
constante et circulaire, un des avantages de l’appareil inamovible.
Quelques mois plus tard, le Dr Fourcade, saint-simonien,
quitta Troyes pour se rendre auprès du Dr Clot-Bey en Egypte, où il décéda le 18 janvier 1835, malade
de la peste contractée quelques jours auparavant au cours des soins dispensés à une malade.
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