Fin du conflit social dans la papeterie de
MM. Fléchey
Troyes
Troyes
décembre
1822
« Le 10 de ce mois, M. le Procureur du Roi,
dont le zèle infatigable dans ses fonctions se manifeste avec empressement dans
toutes les occasions qui intéressent le commerce de cette ville, informé par la
Police, que les ouvriers coalisés de la papeterie de MM. Fléchey ne
travaillaient point depuis plusieurs jours, et laissaient chaumer (sic) cette
fabrique, sous prétexte que leurs maîtres voulaient modifier leurs anciens
usages, et leur imposer des conditions plus onéreuses, se transporta dans cette
usine avec un des commissaires et des agents de police.
Ce magistrat réunit les maîtres, contre-maîtres et
ouvriers des deux sexes, au nombre de soixante environ dans un des ateliers :
il reçut leurs plaintes, écouta leurs observations, s’entretint longuement avec
eux sur leurs prétentions respectives, leur lut la loi du 2 septembre 1796, sur
les papeteries, contenant les devoirs réciproques des maîtres et ouvriers, l’abolition
des usages et de privilèges abusifs ; il leur fit connaître aussi les
dispositions rigoureuses des articles du code pénal sur les coalitions d’ouvriers
pour faire cesser le travail dans les fabriques. M. le Procureur du Roi déclara
aux ouvriers que par le seul fait de la discontinuation de leurs travaux, ils
étaient passibles des peines sévères prononcées par la loi ; il leur dit
que si le nouveau règlement dressé par leurs maîtres ne leur convenait pas, s’il
lésait leurs droits, ils pouvaient s’adresser, pour le faire réformer, soit à
la juridiction paternelle du conseil des prud’hommes, soit à M. le juge de paix ;
mais que dans aucun cas, et sous aucun prétexte, ils ne devaient cesser leurs
travaux, ne s’imposer entre eux des amendes, défenses, interdictions, etc.
Ces ouvriers qui avaient méconnu l’autorité de leurs
maîtres, jusqu’à leur manquer d’égard et de respect, malgré leurs bons procédés
pour eux, qui paraissaient déterminés à ne point se soumettre, écoutèrent avec
calme et intérêt les justes remontrances qui leur furent faites. M. le Procureur du Roi
dicta en leur présence le procès-verbal de son transport, et ne leur laissa
point ignorer qu’ils seraient traités sans ménagement s’ils ne rentraient de
suite dans le devoir. Tous les ouvriers se trouvèrent le lendemain à quatre
heures du matin, à l’appel, à leurs postes : depuis ce moment la fabrique
est en pleine activité ».
publié
le 15 décembre 1822
dans le « Journal politique du
département de l’Aube »
Le Procureur du Roi a rappelé le contenu de l'Arrêté du Directoire exécutif du 16 Fructidor an 4 (2 septembre 1796) destiné à réprimer les usages des ouvriers papetiers contraires à l'ordre public : de chômer des fêtes de coteries ou de confréries, de s'imposer mutuellement des amendes, de provoquer la cessation absolue des travaux des ateliers, d'en interdire l'entrée, d'exiger des sommes exorbitantes des propriétaires...
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