dimanche 13 décembre 2020

Un après-midi au Cirque de Troyes pour les maternelles en 1888


 

Distribution des prix aux Ecoles maternelles de Troyes

Août 1888

Imaginez-vous un millier d’enfants de deux à six ans, - peut-être plus – habillés de blanc, de rose, de bleu, des écharpes en travers du corps, des fleurs dans les cheveux, riant de tout et de rien, battant la mesure, comme un seul homme en écoutant une section de la fanfare des pompiers.

Ajoutez au milieu de tout cela des étendards de toutes couleurs ; faîtes circuler des sœurs aux robes noires et grises, aux coiffes blanches ; des institutrices laïques aux chapeaux enrubannés, et jusqu’aux huissiers de l’Hôtel-de-Ville, le bicorne sous le bras, l’épée au flanc, puis à un moment donné introduisez le cortège officiel composé de M. Grandemange, de M. Boullier, de l’inspecteur primaire, de M. Camus et du fidus Achates du maire de Troyes… ce sera la physionomie exacte du spectacle que vous auriez eu sous les yeux si le hasard ou un motif quelconque vous avait fait franchir les portes du Cirque hier à une heure.

C’était assurément charmant, d’autant que M. Grandemange – nous l’en félicitons – a eu l’excellente idée de se mettre à la portée de son jeune auditoire et de discourir sous le pouce, en homme absolument convaincu qu’il ne sera pas écouté.

On parle de discipline : c’est assurément au milieu du monde infiniment petit qu’il faut l’aller chercher.

Tous ces bambins si remuants et si mutins, obéissent comme un seul homme au « signal » de leur directrice. Pan !  ils se lèvent ; pan ! ils saluent ; pan ! – ils chantent, avec un ensemble à rendre jaloux « l’Orphéon » et la « Chorale »,. Et il y en a parmi eux qui sont comédiens dans l’âme. Certain gâte-sauce a tenu le principal rôle d’une pièce avec chœurs aussi bien que l’aurait pu faire Coquelin Cadet.

Nous glissons sur le reste du programme qui était, d’ailleurs des plus corsés. Comme nous glisserons sur la distribution des récompenses, la chose la plus goûtée, assurément du jeune auditoire.

 (Article non signé publié à l’identique dans «  le Journal de Troyes » et «  le Petit républicain ».Un compte-rendu de tonalité autre est publié le 15 août dans le journal radical «  Le Petit Troyen ». )

 


 Illustrations extraites de "L'héritage troyen du XIXème siècle" de Gabriel Groley

 

 

à suivre...

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