jeudi 11 mai 2023

Un article de l'association pourquoi pas qui incite à partager ses informations publiées en 2019

 

Quand un virtuose de la Nouvelle Orléans était acclamé par le public bordelais

Dans le cadre de notre déambulation à Bordeaux à l’époque du clown Chocolat ce samedi 21 septembre voici la rencontre avec un artiste des Antilles apprécié en son époque à Bordeaux. De nombreuses autres surprises vous attendent au cours de cette déambulation.

En 1886, un critique anonyme du magazine l’Artiste de Bordeaux écrivait “qu’il n’y a pas un seul habitant à Bordeaux qui ne connaisse  Edmond Dédé et ne l’ait écouté et applaudi. Plusieurs générations ont fredonné ses refrains les plus gais » ! Mais qui était Dédé ?

De la Nouvelle-Orléans à Paris en passant par Bordeaux

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Fils de créoles libres originaires de Saint-Domingue, Edmond Dédé naît à la Nouvelle-Orléans le 20 novembre 1827. Son père  qui dirige la société de fanfare locale est son premier professeur de clarinette mais bientôt il se distingue au violon  dont il joue avec brio. Un de ses maîtres est Constantin Debergue, violoniste noir, directeur de la Société Philharmonique fondée par des créoles libres avant la Guerre de Sécession. Il bénéficie  des conseils de l’Italien Ludovico Gabici qui dirige alors l’orchestre du Théâtre Saint-Charles. Eugène Prévost, un Français, grand prix de Rome en 1821 qui dirige les orchestres du Théâtre d’Orléans et de l’Opéra Français de la Nouvelle-Orléans lui donne des cours de contrepoint et d’harmonie. Il est aidé également par  Charles Richard Lambert, musicien noir né à New York, chef d’orchestre de la Société Philharmonique. Cette institutions phare est le premier orchestre de la Nouvelle-Orléans comptant une centaine d’instrumentistes  dont des musiciens blancs. La mélodie de Dédé, Mon pauvre cœur, parue en 1852 est la plus ancienne partition existante d’un compositeur créole de la Nouvelle-Orléans. Pour arrondir ses fins de mois, Dédé fabrique des cigares, activité courante pour la plupart des musiciens noirs Louisianais de l’époque.

En 1857, il a réuni la somme nécessaire à un voyage en Europe où il arrive à Paris, muni de recommandations auprès des professeurs du Conservatoire de Paris dont Charles Gounod, dont il devient un proche.

Edmond Dédé au Grand Théâtre et Alcazar de Bordeaux.

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Le Grand Théâtre à Bordeaux

C’est au début des années 1860 qu’il s’installe à Bordeaux où il dirige d’abord l’orchestre du Grand Théâtre. A cette époque, les relations entre Bordeaux et la Nouvelle-Orléans sont très actives et plusieurs créoles de Louisiane, musiciens et écrivains s’installent à Paris comme à Bordeaux durant cette décennies pour échapper à la guerre civile américaine et à la montée du racisme envers les hommes libres de couleur. Il épouse une bordelaise Sylvie Leflat dont il a un fil, Eugène qui poursuivra aussi une carrière musicale.

Après quelques voyages à Alger, Paris et Marseille, il passe le plus clair de son temps à Bordeaux où il dirige ensuite l’orchestre du Théâtre de l’Alcazar et des Folies bordelaises sur la rive droite.
A cette époque où la musique légère du  café-concert est en vogue auprès du grand public, il compose quelques  150 danses, 95 chansons *, des ballets et des opérettes, production variée qui tranche avec les œuvres des compositeurs noirs de la Nouvelle-Orléans qui écrivent essentiellement des airs de danse pour piano et des chansons.

L’adieu aux Etats-Unis

Théâtre de l’Alcazar

Edmond Dédé retournera une seule fois aux Etats-Unis en 1893. Lors de la traversée, le bateau subit de sérieuses avaries et il perd son violon de Crémone. Accueilli à la Nouvelle-Orléans, il donne de nombreux récitals avec le pianiste W.J Nickerson, professeur de Jerry Roll (créole connu pour être le père du jazz). Il écrit deux nouvelles chansons dont « Patriotisme » , son adieu à la Nouvelle-Orléans qu’il ne reconnait plus en raison de la dégradation des relations entre les communautés et de la montée des problèmes dus  à la ségrégation raciale. Il accepte de devenir membre honoraire de la Société des Jeunes Amis, association sociale essentiellement composée de créoles de couleur libres. Fatigué de subir le préjudice de race, il revient à Paris où il entre à la Société des Auteurs Dramatiques et Compositeurs en 1894, avant de s’éteindre dans la capitale en 1901.

Cora la bordelaise. Extrait du CD American Classics : Edmond Dédé (1827-1901) Hot Springs Festival. Dir. Richard Rosenberg

Edmond Dédé 1827-1901

« Je suis venue au monde à l’hôtel de Papa

Sis à Bordeaux Gironde,

près le Grand Opéra.

Enfin je suis gasconne

Et j’ai l’esprit malin

D’ailleurs bonne personne,

Car j’ai fait mon chemin…... »

Anne Marbot, d’après Lester
Sullivan, archiviste de la Xavier University of Louisiana ici

Louisa polka par Edmond Dédé, dédicace à Louisa Lamotte



  dédicace :

"Dédiée à la fillette de mon meilleur ami, Mademoiselle Louisa Lamotte"

 

  • Edmond Dédé est né en 1827 à la Nouvelle Orléans, il est venu en France au début des années 1860 . Il épouse  Anne Catherine Antoinette Sylvi Leflet à Bordeaux le 18 juin 1864. Ils ont deux enfants  Eugène né en 1867 et Marie Charlotte en 1872.   Chef d'orchestre, professeur, il décède en janvier 1901 à Paris.

    Son ami André Lamotte est le père de Louisa Lamotte, née en 1848 à la Nouvelle Orléans, venue en France en 1850. Elle a épousé en 1871 à Paris  François Hippolyte Rouilliot, originaire de Brienne la Vieille dans l'Aube. Ils ont vécu quelques mois à Troyes , ont eu une fille en 1872 et se sont séparés au début de l'année 1873... 


    Les Archives de Paris viennent de publier un article sur l'écrasement de la Commune de Paris, illustré par l'annonce des cours gratuits donnés pendant cette période par Louisa Lamotte.

     https://archives.paris.fr/a/1100/21-mai-1871-debut-de-la-semaine-sanglante/

     

lundi 1 mai 2023

Louis Antoine Léon Fourcade, médecin à Troyes au début des années 1830


 

Une brève biographie publiée récemment dnas la base prosopographique du CTHS


FOURCADE Louis Antoine Léon
Naissance: 11 mars 1801 à Montauban (Tarn-et-Garonne) - Décès: 20 février 1835 à Egypte

Société(s)
Société académique de l'Aube : Membre correspondant le 20 juin 1834, 1834
Biographie
Fils d’un ingénieur toulousain, il fit ses études à l’hôpital de la Grave à Toulouse de 1814 à 1822, et à la faculté de médecine de Toulouse. Tiré au sort pour effectuer ses obligations militaires classe 1821, il réussit à se faire admettre comme chirurgien sous-aide major à l’hôpital militaire d’instruction de Strasbourg en 1822. Il poursuit sa carrière de chirurgien militaire en Espagne puis en France, il réussit à être affecté dans des hôpitaux militaires parisiens Picpus, Val de Grâce, et peut fréquenter la faculté de médecine de Paris où il obtint son titre de docteur en 1829.
Louis Fourcade est un chirurgien médecin militaire français.

Nommé chirurgien sous-aide-major au Bataillon des ouvriers d’administration de Troyes en 1830, il participe activement à la vie locale, noue des relations avec l’ensemble du corps médical, et cherche perpétuellement à acquérir de nouvelles compétences.
Membre actif de la Société anatomique de Paris il participe à ses travaux. Pour acquérir de nouvelles compétences dans le domaine de la chirurgie militaire à l’instar des membres de la famille Larrey il sollicite en vain plusieurs mutations pour la Pologne, l’Italie, et l’Afrique. Il est confronté en 1832 à l’épidémie de choléra virulente sur Troyes et épaule ses confrères civils. A ce titre il est proposé pour la Légion d’Honneur qui ne lui sera pas décernée. Disciple du Docteur Amusat, il pratique plusieurs amputations de seins cancéreux avec la technique de torsion des artères.
En 1834, il sollicite et obtient un congé sans solde pour se rendre en Egypte auprès de ses condisciples saint-simoniens. La Société Académique de l’Aube, le nomme membre correspondant le 20 juin 1834.
En Egypte, il se rapproche du Docteur Clot-Bey, est nommé médecin major à l’école de la Toura puis à l’hôpital d’Eskebie puis médecin chef de l’hôpital des troupes de terre d’Alexandrie.
Il décède de la peste, quelques heures après avoir assisté à l’autopsie d’une femme, en dépit des soins de ses confrères le 20 février 1835.

Sa mémoire est évoquée dans plusieurs ouvrages : « Mémoire d’une fille du peuple ou la Saint-simonienne en Egypte » de Suzanne Volquin et des Rapports et traités sur la peste orientale.
Ses amis et professeurs, les docteurs Amusat, Larrey père et fils lanceront une souscription en 1835 pour assister financièrement sa mère dont il était le seul soutien.

Sources biographiques
- Dossier de carrière des officiers de santé Service Historique de la Défense 3Yg13446
- Fonds Enfantin – correspondances diverses saint-simoniens Bibliothèque de l’Arsenal
- Rapport à l’Académie Royale de médecine sur la peste et las quarantaines vol 1de René-Clovis PRUS 1846
Bibliographie
- Thèse 1829 Faculté de médecine de Paris « Etude clinique, anatomique et expérimentale de l’épanchement de sang dans l’abdomen » Paris 1829
- Contributions à diverses revues médicales