Publié dans L’Aube – Journal des intérêts de la Champagne – Mardi 4 et Mercredi 5 mars 1845
Chasse
extraordinaire
M. Cottet, vérificateur des poids et mesures, nous
communique la note suivante :
« La neige dont le sol est resté couvert
pendant une grande partie de février, a mené dans nos contrées plusieurs
espèces de volatiles qui s’y rencontrent assez rarement. Plusieurs mouettes ont
été tuées la semaine dernière aux environs d’Arcis. Nous avons sous les yeux un
de ces oiseaux, tué ces jours derniers à Vinets ; il appartient à l’espèce
nommé Mouette aux pieds bleus ( Larus
canus de Linnée, grande mouette
cendrée de Buffon). Nous espérons
faire plaisir aux chasseurs peu versés dans l’ornithologie, en leur fournissant
quelques renseignements sur cet oiseau qu’ils ont pu rencontrer sur les rives
de l’Aube ou de la Seine.
La mouette tuée à Vinets a quarante-trois
centimètres de longueur depuis l’extrémité du bec jusqu’à la queue, et
vingt-huit centimètres de contour au fouet de l’aile ; le dos et les
couvertures des ailes sont d’un gris cendré bleuâtre ; la poitrine, le
ventre, le croupion et la queue, d’un blanc pur ; les grandes pennes des
ailes très longues et noirâtres, la tête tachetée de gris-brun, les pieds
palmés, comme tous les oiseaux nageurs.
Toutes ces mouettes habitent les bords de la mer, où
elles sont très nombreuses ; elles ne s’avancent dans les terres qu’à la
suite des tempêtes prolongées, ou lorsque le sol est couvert de neige. Ces
oiseaux se nourrissent non-seulement de poissons, mais encore des petits
animaux de toutes espèces qu’ils peuvent se procurer : que ces animaux
soient vivants ou morts, frais ou corrompus, tout leur est bon. Leur voracité
est telle qu’un naturaliste a dit d’eux « qu’ils ne mangeaient pas pour
vivre mais qu’ils vivaient pour manger ». » Cependant ils sont
toujours maigres. Leur chair est dure, coriace et infecte. Pourtant, les marins
la mangent, et savent la rendre un peu moins mauvaise en dépouillant l’oiseau
et en le laissant en cet état, exposé au serein pendant deux ou trois nuits.
L’auteur de la Faune du département de l’Aube publié
dans l’annuaire administratif de 1843,
cite cet oiseau comme très rare chez nous. »
(Echo
d’Arcis.)
Publié
dans L’Aube – Journal des intérêts de la Champagne – Mardi 4 et Mercredi 5 mars
1845
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