mercredi 1 avril 2020

Dictionnaire des mots nouveaux, 2ème édition par Richard de Radonvilliers


Enrichissement de la langue française, dictionnaire des mots nouveaux,                                     par M.Richard de Radonvilliers.

 Au comptoir des imprimeurs-unis



 Commentaire publié le 19 décembre 1845 dans le quotidien national Le Siècle 


Au premier coup-d-œil, le dictionnaire de M. Richard de Radonvilliers a l’air d’un dictionnaire des plus effrayants barbarismes que la langue française puisse créer, en se jouant avec malignité dans ses combinaisons. Il est certain , par exemple, que les mots : abymiser, pour ouvrir des abîmes ; anglaiser, pour imiter la forme anglaise ; dédeuiller, pour sortir de deuil ; délicier, pour rendre délicieuse ; déprobiser, pour perdre la probité ; funester, pour rendre funeste ; incomposer, pour ne pas composer ; protocoler, pour faire des protocoles ; vigiliser, pour devenir vigilant, etc j’en passe, et des meilleurs, il est certain que ces mots éveillent les susceptibilité des oreilles les moins délicates, et que si nous les entendions prononcer, nous nous croirions pour le moins en Belgique, où la langue française se permet de singulières excentricités. Eh bien ! M. Radonvilliers a eu la constance de colliger vingt et un mille mots de ce genre, appuyant chaque mot sur des étymologies et sur les terminaisons habituelles à notre langue.
Ce travail pour lequel il a fallu une grande patience et des connaissances grammaticales très approfondies, mérite d’être pris en considération. A coup sûr, et même cela est à désirer, tous les mots accueillis par M. Radonvilliers ne deviendront pas français, car l’harmonie de la langue serait plus d’une fois offensée, mais beaucoup entreront tôt ou tard dans le Dictionnaire de l’Académie ; il n’y a rien de répugnant à admettre provincialiser, rengourdir, vitaliser, et d’autres mots pareils. La langue française s’est singulièrement enrichie depuis un siècle ; elle a encore des conquêtes à faire, et M. Radonvilliers, comme un autre Christophe Colomb, s’aventure sur des mers inconnues, à la recherche de mots nouveaux. On peut dire que dès à présent il plante sur des terres inexplorées le pavillon français.

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