Hommage à Claude Vacherot,
Président de la Société de secours mutuels pour les
ouvriers bonnetiers
L’AUBE
Troyes, le 20 janvier 1841
Avant-hier mercredi 27 janvier, un cortège nombreux
traversait la ville de Troyes, conduisant à sa dernière demeure un modeste
ouvrier. Cet homme avait fondé une société de secours mutuels pour les ouvriers
bonnetiers malades ou infirmes. Arrivés au cimetière, les sociétaires se sont
groupés autour de la fosse, et trois discours ont été prononcés. Nous donnons à
nos lecteurs le seul que nous ayons pu nous procurer.
Messieurs,
La mort vient de
frapper la société des secours mutuels des bonnetiers de la ville de Troyes, en
lui enlevant son président.
Affligé de cette
perte, j’élèverai ma voix pour rappeler à nos souvenirs le mérite modeste et
les titres de l’homme qui emporte nos regrets. Cette larme que nous nous
empressons de donner à sa mémoire, est une dette de cœur envers un ami, envers
un frère.
Né comme nous, dans
cette humble classe d’hommes à qui le sort ‘a donné que leurs bras pour
subvenir à leurs besoins. Vacherot n’eut qu’un désir, celui d’être honnête
homme et habile ouvrier. Tous ses efforts se porteront vers ce noble but il eut la douce satisfaction d’y atteindre.
Sa vie fut sans reproche, comme il le souhaitait son habileté a fait de lui le
modèle des artisans de sa profession.
La plus importante
fabrique de Troyes, la maison Jeanson, où il travaillait, le considéra bientôt
comme son premier ouvrier ; elle se l’attacha, parce qu’elle sut ce qu’il
valait. Vacherot en fut reconnaissant ; il jura de n’en jamais sortir. En effet, depuis vingt-cinq
ans, Vacherot était l’âme de l’atelier. Parmi les phases pénibles que le
commerce de bonneterie a parcourues, il est resté attaché à sa profession
paramour. Les diminutions de salaire n’ont point abattu son courage ; il a
soutenu le nôtre par sa résignation et son activité exemplaires.
Au –dessus de sa position par le cœur Vacherot
aimait ses camarades. Il sentit que tous les ouvriers bonnetiers n’avaient pas
comme lui, l’habileté en partage ; il vit que la modicité des gains était
peu en rapport avec les besoins d’une famille nombreuse quelquefois, et que
l’affreuse misère menaçait plus d’un honnête ouvrier. Il conçut le noble projet
d’une société de secours mutuel, en dressa les statuts dont il communiqua le
plan à son patron, l’honorable M. Jeanson. M. Jeanson l’aida de ses sages
conseils.
Encouragé par cette
approbation, et toujours mû par le désir de soulager ses camarades Vacherot
forma une demande et soumit son projet à l’autorité. Cette idée fût goutée. M.
le ministre accorda, le 12 avril 1837, l’autorisation de constituer la société
dont nous avons l’honneur de faire partie.
Le vœu philanthropique
de Vacherot fut accompli. Nous devions alors un hommage à la sollicitude de
Vacherot. Le titre de président lui fut confié : ce devait être sa
récompense.
Vous savez, messieurs,
comment il remplit ses fonctions. Vous avez pu, dans nos séances, remarquer son
zèle et surtout ses scrupules pour l’esprit d’ordre et d’harmonie qui fait
notre ressource.
C’est donc à Vacherot
que nous sommes redevables des secours dont plusieurs d’entre nous ont déjà
ressenti les effets.
C’est à toi, honnête
et modeste Vacherot, que nous en vouons
toute notre reconnaissance. Aussi, nous te pleurons sincèrement comme tu nous
as aimés, et avant de te quitter, nous te jurons que ton nom, sera
éternellement dans nos cœurs !
Adieu !!!
Ce discours, prononcé par M. Drujon aîné, l’un des
sociétaires, a ému les assistants jusqu’aux larmes, et la foule s’est retirée
en silence.
Claude Vacherot, bonnetier, époux de Jeanne Pitois est
décédé à l’âge de 46 ans, le 26 janvier 1841 à Troyes. Fils de Jean Vacherot,
âgé de 80 ans, et de défunte Anne Thibaut
L'Annuaire de l'AUBE, publie un autre historique pour cette société de
secours mutuel des bonnetiers de la ville de Troyes fondée en 1814 par
Eugène JANSON.
En 1861, la direction de cette société semble être revenue entre les mains de la bourgeoisie locale.
1 commentaire:
Pierre Firmin Eugène JANSON-PATTE était très précoce, il avait une douzaine d'année en 1814, le fondateur devait être plutôt son père Jean Baptiste Antoine JANSON-Geoffrin fabricant de bas né en 1771...
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