mercredi 23 septembre 2020

Louisa Lamotte, créole de couleur, épouse du chemisier troyen François Rouilliot

 Les Editions Tintammare de Shevreport aux Etats Unis ont publié cette année 2020 Le loyal Max, un conte extrait de la revue "St Nicolas, journal illustré pour garçons et filles, diffusé par Delagrave en 1883  écrit par Louisa Lamotte, éphèmère épouse d'un commerçant troyen François Hippolyte Rouilliot.

Rouilliot, chemisier

Cette nouvelle diffusion était précédée par une évocation de la vie de l'auteure, Louisa Lamotte, née en 1848 à la Nouvelle Orléans qui avait épousé François Rouilliot, membre de la famille Rouilliot qui a fourni plusieurs maires et gardes ports de Brienne la Vieille.


Louisa Lamotte est née à la Nouvelle-Orléans en 1848, la fille de Rosa Emma Dupuis et André Martin Lamotte qui s’étaient mariés en1838. Nous savons peu de choses sur sa mère mais on peut supposer qu’elle faisait partie d’une famille de Créoles de Couleur bien respectée puisqu’elle a laissé de la propriété à sa fille dans le Faubourg Marigny, un quartier peuplé par des réfugiés haïtiens depuis 1809. Son père, né en 1818 à un père blanc haïtien et une femme de couleur libre, Eugénie Fraissinet, était bien connu à la Nouvelle-Orléans où il exerçait la profession d’architecte. Peu après sa naissance, les parents de Louisa l’ont emmenée à Paris où les questions de race n’auraient pas empêché la jeune fille de recevoir une éducation formelle.

 En 1871, Lamotte s’est mariée avec un marchand troyen, François Hippolyte Rouilliot. Pendant sa vie, la communauté créole de la Nouvelle-Orléans parlait de Louisa Lamotte avec une sorte de révérence éblouissante, mais en réalité, les Néo-Orléanais n’ont jamais pu apprécier ce que cette femme avait accompli. En effet, c’était Louisa Lamotte qui a écrit la toute première étude sérieuse sur l’éducation des femmes, De l’enseignement secondaire des filles, publiée en 1881. Durant cette même période, elle a contribué de nombreux articles à la Revue pédagogique, avant de devenir la directrice du Collège de Jeunes Filles à Abbeville, France.

Louisa Lamotte a aidé dans la création d’une revue pour les enfants: Saint-Nicolas: journal illustré pour garçons et filles, dans laquelle elle a publié d’innombrables contes et histoires qu’elle a signés parfois sous son propre nom mais plus souvent par des noms inventés. Tout ce système de pseudonymes cachait la vraie identité de cette femme de couleur qui cherchait à vivre au moyen de sa plume dans une société qui, tout en étant moins intolérante que celle des États-Unis, aurait néanmoins accepté avec hésitation que c’était une femme de couleur qui dirigeait les lectures de la jeunesse française. Le grand public américain n’a jamais saisi l’ampleur de ce que cette femme a réalisé dans le domaine de l’édition et de la littérature en général, mais parmi les écrivains de couleur américains du XIXe siècle, ses contributions se révéleront uniques. Lamotte est retournée en Louisiane pour régler les affaires de son père après sa mort en 1895. En Louisiane, Lamotte, l’éditrice, a découvert que sa nouvelle vie dans l’état qui avait vu sa naissance était rythmée selon les lois Jim Crow.

Quand elle est décédée en 1907, l’Abeille de La Nouvelle-Orléans a dit qu’elle était morte d’épuisement. Jusqu’à nos jours elle reste méconnue des lettres américaines.

 

D. A. Kress

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