Plantation d’un arbre de la liberté lors du passage de Louis-Philippe à
Troyes
Juillet 1831
« Après le banquet, une foule immense a accompagné les
autorités sur les promenades, où les danses se sont prolongées jusque dans la
nuit.
Un grand nombre de gardes nationaux se sont emparés du buste
du Roi et l’ont promené triomphalement dans les principales rues de la ville,
en chantant les refrains patriotiques chers à la France. Le buste du
Roi-citoyen, en la loyauté duquel le peuple a mis sa confiance, a été déposé
ensuite à l’Hôtel-de-ville aux cris mille fois répétés de Vive le Roi ! vive la liberté ! vive la famille
royale !
Le soir vers onze heures et demie, un groupe d’individus,
parmi lesquels on remarquait des soldats du bataillon d’ouvriers en garnison à
Troyes, s’est porté sur la place d’Armes, avec un arbre de la liberté,
annonçant hautement l’intention de planter cet arbre sur la place. La
plantation pure et simple d’un arbre de la liberté est sans contredit un acte
bien innocent. Mais c’est le lieu, c’est surtout l’heure de nuit choisie pour
cette manifestation bruyante, qui deviennent répréhensibles. Libre à chacun de
planter un arbre de la liberté dans son champ, dans sa cour, mais sur une place
publique, ne faut-il pas l’assentiment, l’autorisation des magistrats ? Le
programme à cet égard ne contenait aucune disposition. Ne devait-on pas s’y
conformer ? En un mot la fête de la liberté ne doit-elle pas être aussi la
fête de l’ordre ?... Toujours pouvons-nous affirmer l’opinion générale est
que le temps était mal choisi, et que l’on ne doit point mettre en émoi tout un
quartier de la ville pour planter un peuplier d’Italie, à minuit. Des
patrouilles de la garde nationale se sont formées spontanément, et tout est
rentré dans l’ordre. La garde nationale de Troyes ne saurait oublier sa
devise : Liberté, ordre public…
A cela près de cette petite échauffourée, où M. le préfet
est venu interposer son autorité, l’ordre le plus parfait a présidé à la
solennité de chaque jour de nos trois glorieuses fêtes. »
(extrait du Journal de
l’Aube, le 30 juillet 1831 sous la plume de Jules Béliard)
Amédée Aufauvre en donne une autre version dans Le Propagateur, édition des lundi et mardi
28 mars 1848 :
« Lors du passage de Louis-Philippe à Troyes, alors
que la royauté inspirait encore à la foule une confiance que les patriotes
éclairés n’avaient jamais partagé, les citoyens Jacquin et Grisier prirent
l’initiative d’une adhésion éclatante au régime républicain.
Secondés par quelques patriotes ils allèrent planter au
milieu de la place d’Armes un arbre de la liberté. Le préfet de l’époque, le
baron de Saint-Didier se rendit en toute hâte sur le lieu où s’accomplissait
cet acte d’opposition à la royauté, accompagné de plusieurs agents de la force
publique.
Sa présence et ses menaces firent retirer la plupart des
auxiliaires de Jacquine tt Grisier qui restèrent seuls avec un jeune sergent du
bataillon d’administration au pied de l’arbre de la liberté… Une enquête fut
faite, une instruction judiciaire commença, cette procédure avait pour but de
conduire les principaux meneurs en cour d’assises.
Mais influencé par la crainte de provoquer par la
persécution des sympathies à la faveur de la cause républicaine, le pouvoir ne
donna pas suite à l’affaire ».
. Julien Joseph Jacquin (voir sa biographie dans le nouveau Dictionnaire des célébrités de l’Aube –
Maison du Boulanger Troyes 2016 )
. Isidore Grisier
(biographie en cours de rédaction)
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