mercredi 27 février 2019

Charles Gros, professeur d'histoire, journaliste, poète, socialiste guesdiste

   Portrait de Charles Gros
par le peintre franc-comtois Charles Weisser

Almanach Petit Troyen 1907

Charles Gros 1862-1906


Né le 22 avril 1862 à Montbéliard (Doubs)
Décédé le 15 janvier 1906 à Chaumont (Haute-Marne)

Professeur agrégé d’histoire et géographie, poète, journaliste,  socialiste guesdiste.

Issu d’une famille de forgerons-serruriers  et de cultivateurs du pays Comtois, Charles Gros, orphelin de père, élevé par sa mère,  fait ses études secondaires au collège de Montbéliard
 où son oncle Frédéric Belley est professeur de mathématiques. 
  Elève brillant de santé fragile, il intègre l’école normale de Cluny (Saône et Loire) et obtient son agrégation en 1864.
Chargé de cours à Montluçon, puis au lycée de Poitiers,  il est professeur agrégé d’histoire et géographie à Lille en 1885. Républicain, libre-penseur, il propose  le texte d’Eugène Pottier «  l’Internationale » à la section lilloise du parti ouvrier qui le fait mettre en musique par Degeyter.

Il est muté en 1887 au lycée de Troyes où il dispense des cours de littérature et d’économie, et participe aux activités des socialistes guesdistes  conduits par Etienne Pédron. Il publie son premier recueil de poèmes « Poèmes habituels ». Charles des Guerrois en fait une Etude critique élogieuse publiée  dans les Mémoires de la Société académique de l’Aube en 1889.
Professeur irréprochable, il écrit des chroniques littéraires et politiques dans la presse radicale, le Petit Troyen de Gaston Arbouin  sous son nom et dans les journaux socialistes, le Socialiste troyen et le Réveil des travailleurs,  sous le pseudonyme de Germinal.
Une campagne de presse est menée en 1895 par les journaux « Le Petit Républicain de l’Aube » et  « La Croix de l’Aube »pour discréditer l’enseignement donné au lycée de Troyes, et ses enseignants.  Charles Gros et le principal Henri Flassayer sont  la cible du journaliste pamphlétaire Louis Perié . 

Tous deux sont mutés en 1896, Gros à Macon et Flassayer  en 1897 à Bourg (Ain).
Après son mariage avec Louise Lambin, Charles Gros est nommé en 1900 professeur de lettres à Chaumont. Il participe à la vie locale et conserve ses relations avec l’Aube, avec ses amis Louis Morin, Eugène Maury et les enseignants du lycée de Troyes. En 1900, il publie une série d’articles dans le Petit Troyen sur le poète-bonnetier troyen Albert Néret, «Causeries littéraires sur un Aubois inconnu ».  Son poème dédié à Henri Millet est lu en 1902 lors de l’inhumation du maire de Romilly.
En 1906, il rédige la préface du recueil de « Chansons socialistes » d’Etienne Pédron.

 Il décède le 15 janvier 1906, ses obsèques sont suivies à Chaumont par une foule d’élèves, d’habitants et de responsables politiques et administratifs de la Haute-Marne et de l’Aube.
Son corps est inhumé quelques jours après au cimetière de sa ville natale.
Sa nécrologie est publiée par les journaux  de l’Aube, du Doubs et de la Haute Marne et par les journaux parisiens. Henri Focillon signe le 12 février 1906 dans le journal de Clémenceau « L’Aurore » un article sur son œuvre poétique : « J’y trouve une muse à la fois instinctive et réfléchie qui me dit de méditer et de m’exalter… elle est une protestataire. Elle lutte dans les combats d’à présent et pour les causes d’à présent, mais elle demande leur autorité et leur solennité à ces vieux noms mystérieux et à ces fables éternelles qui sont ce que la Grèce nous a laissé de plus beau… ».
Louis Morin rappelle la mémoire et l’œuvre littéraire de Charles Cros dans l’Almanach du Petit Troyen de l’année 1907.
En 1922, le proviseur honoraire Henri Flassayer, devenu chevalier de la Légion d’honneur, évoque dans «  Quinze années de journalisme » : « Le jeune professeur, qui sans être militant, ne celait pas ses préférences socialistes. C’était en pleine réaction ; la consigne fut donnée de présenter dans les gazettes, professeurs et proviseur, comme acquis au socialisme et aux idées révolutionnaires. … En vain, fut-il constaté officiellement, que le personnel gardait la réserve professionnelle, mais encore que les élèves du professeur spécialement incriminé, chargé d’un cours d’économie politique avaient sur le phénomène de la distribution des richesses des opinions susceptibles de rassurer le plus timoré des bourgeois ; rien n’y fit : les familles s’inquiétèrent, l’effectif scolaire baissa sensiblement, des déplacements dans le personnel furent jugés indispensables. »

La municipalité de Troyes honore en 1922 sa mémoire, sur la proposition de l’Amicale des élèves du lycée de Troyes, en donnant son nom à l’ancienne rue des Petites Tanneries.
Un article lui est consacré dans le "Dictionnaire des célébrités auboises"  publié en 2016 par les éditions de la Maison du Boulanger.



mercredi 13 février 2019

Comité de Troyes de la Ligue française 1917





Ernest Lavisse, le général Paul  assument la fonction de présidents d'honneur de La Ligue Française sous la présidence de Louis-Emile Bertin.

Ernest Lavisse, né au Nouvion-en-Thiérache le et mort à Paris le , est un historien français, fondateur de l'histoire positiviste, et un manueliste, auteur des nombreux « manuels Lavisse ». Chantre du « roman national1 » au service de l'histoire et de son enseignement, il a contribué à répandre des images et une mythologie qui sont restées gravées dans la mémoire de générations d'écoliers. Ainsi la phrase inscrite dans le fameux petit manuel d'histoire et rapportée par Michel Vernus2 :
« Tu dois aimer la France, parce que la Nature l'a faite belle, et parce que l'Histoire l'a faite grande. »
Promu pendant plus d'un demi-siècle conscience nationale des hussards noirs, il est enterré au Nouvion-en-Thiérache3.
(extrait de Wikipedia)

lundi 11 février 2019

François Benjamin Pance, préfet républicain sous la Deuxième République d'origine auboise

PANCE François, Benjamin

Né le 22 nivôse an 8 (17 janvier 1800) à Boulogne Billancourt ; mort le 15 mai 1851 à Nice. Conspirateur carbonariste et militant républicain sous la monarchie de Juillet, avocat, écrivain, journaliste, préfet.
Fils de François Pance, notaire public à Boulogne-Billancourt, et de Romaine Viault originaire de Rigny-le-Ferron dans l’Aube, François Benjamin Pance séjourna avec sa mère dans l’Aube après le décès de son père en 1811, puis il intégra le collège Sainte Barbe à Paris. Il y eut pour condisciples Guinard, futur major général de la Garde nationale de Paris, Thomas, futur directeur-gérant du National et Godefroy Cavaignac, qui allait devenir le principal dirigeant de l’opposition républicaine après 1830. Il évoqua cette période de sa vie dans le premier tome de Paris révolutionnaire, dans le chapitre consacré aux étudiants.
Il participa à la conspiration civile du 19 août 1820. Membre de la loge maçonnique des Amis de la vérité et président d’une vente de la Charbonnerie, il fut poursuivi au procès de Colmar en 1822.
Durant les premières années de la monarchie de Juillet, il édita de petites publications destinées à l’éducation politique du peuple pour lesquelles il reçut avec Étienne Cabet* 60 F du Comité central de l’Association pour la liberté de la presse en juillet 1833.
De retour à Troyes dans le courant des années 1830 pour y exercer son métier d’avocat, il devint l’éditorialiste du journal Le Progressif de l’Aube et figura au nombre des défenseurs des accusés d’avril 1835.
Après la Révolution de février 1848, il se porta candidat à la Constituante dans l’Aube et obtint un score honorable de 8 000 voix mais ne fut pas élu. Les républicains locaux demandèrent alors sans succès sa désignation comme délégué du Gouvernement. Il fut nommé préfet de la Haute-Marne de juin à juillet 1848, puis préfet de la Sarthe de juillet 1848 à novembre 1849 avant d’être remercié : il avait reçu plusieurs avertissements pour ne pas avoir exercé une surveillance bien active à l’égard du parti exalté.
François Pance mourut à Nice en 1851.

(extrait du "Maitron")

Pour confirmer, les liens de Pance avec les républicains troyens voici une lettre adressée par Benjamin François Pance à Jean François Gadan le 13 mars 1848



Mon cher citoyen,

Nos lettres se croisent comme nos personnes. La mienne vous doit être actuellement parvenue. Et je n’ai que le temps d’ajouter quelques mots à ce que je vous disais. J’accepte de grand cœur la candidature du parti républicain. Je ne vous fais pas de profession de foi, je craindrais de me rendre ridicule. Ce que j’étais à Belfort en 1822, à Paris en juillet 1830 et en février 1848 je le serai toute ma vie trop heureux d’avoir encore de bonnes et vigoureuses années à sacrifier au service de ma patrie et de la république.

Je fais ici partie du comité central républicain radical qui se mettra en correspondance avec vous et auquel déjà vous pouvez écrire à la salle du boulevard Bonne-Nouvelle puisqu’il est en permanence et trop heureux de tous les renseignements qu’il reçoit. Mettez si vous voulez le nom de M. Clément Thomas sur l’adresse.

J’ai vu hier Millard qui me cause le regret de ne pas vouloir se porter candidat ; il m’a donné des raisons que j’ai vainement combattues. Il m’a dit qu’il écrirait dans ce sens et qu’il prierait surtout ceux qui auraient voulu le nommer de porter leur voix sur moi.

Il me tenait le plus possible au courant de ce qu’il savait sur Troyes et c’est ce qui m’avait fait vous écrire. Je lui ai promis d’aller à Troyes aussitôt que nos élections de la garde nationale seront faites c’est-à-dire le 22 mars prochain. Jusque-là tenez moi au courtant et dites-moi tout ce qui concerne les élections et les intérêts du département de l’Aube.

Adieu mon cher Gadan, que cette lettre vous soit commune avec nos amis.



Salut fraternité et confiance



B. Pance


dimanche 10 février 2019

L'ambition internationale de l'inventeur troyen Julien Joseph Jacquin en 1836


   Le 13 août 1836, Julien Joseph JACQUIN, horloger demande un passeport à l'étranger  au département de l'Aube pour se rendre à Londres pour ses affaires.
Cette demande est accompagnée d'une description du sujet, âgé de 24 ans, d'une taille de 5 pieds 6 pouces, de cheveux- sourcils - barbe châtain foncé, yeux gris bleu, nez ordinaire, menton rond, visage rond et teint coloré.

Le répertoire des brevets établi par W. Newton, ingénieur civil, publié en 1837 à Londres , cite le brevet déposé par l'horloger Jacquin de Troyes.



   Et en 2017, Pascal Gautrand évoque le rôle de l'horloger de formation dans l'industrialisation du tricot avec ses inventions de machine à tricoter industrielle...dans les années 1840.



Romilly Espace vivant de la Bonneterie







  2, rue Robert Galley à Romilly sur Seine

Espace vivant de la Bonneterie

Une association de bénévoles a sauvé de nombreuses machines et préserve la mémoire des hommes et des femmes qui ont fait vivre l'industrie de la bonneterie dans cette partie de l'Aube.



mercredi 6 février 2019

Maison Rocard, horlogerie, joaillerie, fondée en 1794




Réclame publiée dans l'annuaire du Petit Troyen année 1910 

Maison Louis Rocard, grand choix d'horlogerie, bijouterie, orfèvrerie et joailleriee, corbeilles de mariées.

Louis Rocard, né le 21 janvier 1873 à Troyes, fils d'Auguste Eugène Rocard et d'Antoinette Maitrepiere, petit-fils de Louis Auguste Rocard et Françoise Joséphine Bertrand, marchands orfèvres... Il était bien l'arrière petit-fils d'un orfèvre Augustin Rocard.


Son arrière-grand père Augustin Rocard, né en 1771 dans la Haute-Marne, fils d'un vigneron, était aussi orfèvre. Il a épousé en 1799 ( an 7) à Troyes une fille de l'Aube Françoise Marguerite Gelée. Parmi les témoins il y a au moins trois autres orfèvres de Troyes Louis Desguerrois, Jean Pierre Clausel et Auguste Joseph Cardinael qui signent l'acte de mariage prononcé par Jean-Baptiste Dorgemont, président de l'administration municipale du canton de Troyes.

Sa boutique ouvrait sur deux rues, au 28, rue Molé et au 27, rue Champeaux.  

 

Selon le recensement de la population effectuée en 1921,  le propriétaire de cet établissement était  l'horloger Charles Etevenard demeurant avec son épouse au 27, rue Champeaux à Troyes.


Et en 2019...


  

28 rue Molé en 2019 

 Armurerie auboise

27 rue Champeaux en 2019 

Bar à huitres

 qui a été auparavant une boutique spécialisée dans la vente de figurines de collection, notamment pour les personnages d' Hergé, de Walt Disney

dimanche 3 février 2019

Jean Haremza, Sainte-Savine 1925, Blois 2008, enseignant, syndicaliste


Extrait du  "Maitron", ouvrage de référence pour tous les personnages dignes d'intérêt pour leur engagement dans la vie sociale, syndicale ou politique et qui nous a fourni ce texte détaillé de sa biographie: 



HAREMZA Jean, Sigismond

Né le 1er mars 1925 à Sainte-Savine (Aube), mort le 20 mai 2008 à Blois
(Loir-et-Cher) ; professeur puis directeur d’école normale d’instituteurs ;
militant syndicaliste et associatif, membre du bureau national, secrétaire
de la commission pédagogique, secrétaire général adjoint du Syndicat
national des professeurs d’école normale ; militant de France-Pologne et de
France-Tchécoslovaquie.
Jean Haremza était l’un des trois fils d’une famille d’immigrés polonais qui
s’installèrent au milieu des années 1920 dans des baraquements, à
Sainte-Savine, commune industrielle limitrophe de Troyes. Son père,
Sigismond, né en 1897, avait combattu les Russes bolcheviks et avait trouvé
un emploi à la bonneterie Gillier où il travailla jusque dans les années
1960. Sa mère, Françoise Paszynka, née en 1901 en Ukraine, mourut à l’âge de
102 ans. Élevé dans une famille respectueuse de la tradition catholique mais
non pratiquante, Jean Haremza, dès l’âge de quatre ans, savait lire et
écrire le polonais que sa mère lui avait appris dans son livre de messe.
C’est donc à l’école maternelle puis à l’école élémentaire Jules Ferry de sa
commune, accueillant une population composée pour une bonne moitié
d’immigrés (Polonais, Italiens, Espagnols, Portugais, Belges…) qu’il apprit
le français. Ce bilinguisme lui servit beaucoup par la suite et d’abord, dès
son adolescence, pour aider les nombreux immigrés polonais à remplir leurs
papiers. Durant toute sa vie, il conserva des liens avec le pays d’origine
de sa famille, sa langue et sa culture. Durant son enfance, il fit à
plusieurs reprises le voyage en Pologne ; plus tard, il eut l’occasion d’y
retourner souvent notamment dans le cadre de ses activités à France-Pologne.
Jean Haremza estimait devoir beaucoup au directeur de son école, Camille
Guinot, qui l’encouragea à poursuivre sa scolarité après le certificat
d’études primaires. Au lieu d’aller travailler en 1937 à l’usine de
bonneterie où il avait été pré-embauché dans la comptabilité, il entra au
cours complémentaire et, sa famille ayant été naturalisée en mars 1939, il
devint élève-maître en 1941 au lycée de Troyes, les écoles normales
d’instituteurs ayant été supprimées par l’État français de Vichy. Mais, en
1943, il perdit sa qualité d’élève-maître car non Français « de souche » ;
il obtint néanmoins la première partie du baccalauréat. L’évêque de Troyes,
Mgr Le Couëdic, lui offrit alors un poste d’enseignant polyvalent dans une
institution privée ; cependant, grâce à une souscription du Syndicat
national des instituteurs clandestin, il put entrer, après la rentrée
scolaire, en classe terminale de philosophie, alors qu’il aurait voulu faire
mathématiques élémentaires, et obtenir le baccalauréat. À cette époque, il
rencontra Lucienne (dite Lilette) Malterre, fille d’institutrice, qu’il
épousa civilement à Sainte-Savine, le 28 décembre 1948, et avec laquelle il
eut une fille, Isabelle, et un fils, Sylvain.
En décembre 1944, Jean Haremza, ayant retrouvé sa qualité de boursier, entra
au collège Chaptal de Paris, pour préparer le concours d’entrée à l’École
normale supérieure de Saint-Cloud, qu’il intégra en 1947 dans la section
lettres. Avec Lilette, qui avait intégré l’ENS de Fontenay-aux-Roses une
année plus tôt, il effectua un stage d’un an dans la zone d’occupation
française en Allemagne, à Fribourg-en-Brisgau. A la fin de sa scolarité, ne
pouvant préparer l’agrégation de lettres modernes qui n’existait pas encore,
il commença à préparer une thèse sur Mickiewisz en France avec Charles
Dédeyan.
En 1951, à sa sortie de l’ENS, Jean Haremza fut nommé professeur de lettres
au lycée d’Hénin-Liétard (Nord) puis, peu de temps après, à l’École normale
d’instituteurs de Douai, où avait exercé son épouse, ville où ils allaient
rester en poste durant 20 ans. Ces deux décennies de professorat furent
interrompues l’espace d’une année, en 1955, quand Jean retourna à l’ENS pour
préparer le concours d’inspecteur primaire et/ou de directeur d’EN.
Dès le début de son activité professionnelle, Jean Haremza milita au
Syndicat national des professeurs d’écoles normales. En 1952, il devint
secrétaire de la section de l’EN de Douai puis secrétaire adjoint de la
section départementale du Nord et fut élu au bureau national en 1958, au
congrès de Clermont-Ferrand, parmi les trois militants (sur 15) qui étaient
proches de l’orientation « Bouches-du-Rhône » à la FEN. En 1964, il devint
membre de la section permanente du BN, trésorier adjoint, en tant que tête
de la liste « Pour la reconstitution de l’Unité syndicale ». En 1967, il fut
élu secrétaire adjoint de la commission pédagogique ; en novembre 1968, il
fut réélu au BN comme tête de la liste « Unité et Action » et en avril 1969,
lors de la réorganisation du BN, suite à la mise en minorité du rapport
d’activité de la direction, il devint secrétaire général adjoint, secrétaire
de la commission pédagogique, au côté de Jean Rojat (autonome), élu
secrétaire général, succédant à Henri Rogniaux. Il siégeait également durant
cette période comme membre suppléant à la commission administrative fédérale
au titre de la section départementale du Nord et était commissaire paritaire
national des certifiés, élu en 1965. En mai-juin 1970, Jean Haremza,
partisan de l’union syndicale, était second de la liste « Union pour un
programme commun » représentant la majorité du BN, conduite par Rojat, liste
qui fut majoritaire (53,6 %), entraînant un changement décisif
d’orientation, à l’époque où d’autres syndicats nationaux de la FEN venaient
de connaître la même évolution : après le SNES en 1967, le SNEP, le SNESup,
le SNCS. À la rentrée 1970, Jean Haremza fut cofondateur, membre de la SARL
de la revue Unité et Action. Après le congrès de Troyes de 1971, il n’était
plus que membre du BN du SNPEN mais se félicitait dans la revue U&A des
progrès de la nouvelle direction unitaire, Jean Tanguy (U&A) étant devenu
secrétaire général. À la rentrée 1971, il n’apparaissait plus dans
l’organigramme du SNPEN ; il avait en effet été nommé directeur de l’EN de
Blois sur l’insistance de Jean Deygout, directeur des personnels au
ministère, qu’il avait connu à l’ENS de Saint-Cloud (promotion 1949).
Directeur des deux EN de garçons et de filles du Loir-et-Cher jusqu’à sa
retraite prise en 1990, il milita alors au Syndicat national des directeurs
d’EN dont il devint membre du bureau.
Selon Jean Haremza, le combat du SNPEN permit des avancées significatives
après 1968 dans le domaine de l’élévation et l’amélioration de la formation
des instituteurs et institutrices et de celle de leurs formateurs et
formatrices. Ainsi une audience du SNPEN (Rojat et Haremza) d’Edgar Faure en
pleine nuit, le 6 mai 1969, déboucha sur la décision de ne plus préparer le
baccalauréat dans les EN et d’en faire de véritables centres de formation
des maîtres, préparant les futurs instituteurs en deux années après le
baccalauréat obtenu en lycée. Cette avancée dans le domaine de la formation
initiale fut complétée par la mise en place de la formation continue des
instituteurs titulaires et celle accélérée des instituteurs remplaçants.
Jean Haremza estimait cependant, en 1971, que les deux années de formation
après le baccalauréat étaient insuffisantes et qu’il fallait y ajouter dans
un premier temps une troisième année, permettant un accord avec le SNI, dont
la revendication avait évolué. Mais pour l’élévation du niveau scientifique
et pédagogique, pour la participation directe de l’enseignement supérieur à
la formation des instituteurs, pour la réduction de la polyvalence, le SNPEN
avait trouvé des alliés dans les trois syndicats (SNES, SNEP, SNESup) avec
lesquels il avait organisé en février 1971 des Assises nationales sur la
formation des maîtres, préparées par des réunions décentralisées, à partir
d’une analyse critique du projet d’instituts de formation de maîtres du
ministre Olivier Guichard et d’objectifs communs, publiés dans le bulletin
de janvier du SNPEN, Former des maîtres. Cette alliance allait se poursuivre
et déboucher en 1973 sur une plate-forme commune plus précise et la
publication d’une brochure Former des maîtres pour notre temps.
Le SNPEN obtint également d’Olivier Guichard en janvier 1970 une
modification essentielle de la nature du service des professeurs d’EN,
tenant compte du caractère particulier de leur travail : 6 heures
forfaitaires décomptées dans leur service hebdomadaire pour leurs
interventions sur le terrain. Le ministre implanta aussi à la demande
pressante du SNPEN une EN dans chaque nouveau département de la région
parisienne.
Devenu directeur d’EN, Jean Haremza continua de s’impliquer activement dans
l’amélioration de la formation académique et professionnelle des
instituteurs et de leurs formateurs, ce qui constitua le combat de sa vie.
Il multiplia les expériences sur le terrain. Il chercha à développer la
rencontre d’étudiants étrangers, en leur rendant visite (notamment au Maroc
avec l’Inspecteur général Marcel Rouchette, auteur d’un plan de rénovation
de l’enseignement du français) et en les accueillant dans son école
(Marocains, Japonais, Singapouriens, Suédois, Américains de Dartmouth
college, Luxembourgeois…). Dans le même esprit, il ouvrit en 1977 son école
à la création du Centre départemental universitaire pour le troisième âge du
Loir-et-Cher, devenu Université du temps libre. Dans les années 1980, il
favorisa la création de la Classe patrimoine Blois-Chambord, en lien avec la
Caisse des Monuments historiques, pour construire une maquette modulaire du
château destinée aux malvoyants. Il estimait à la fin de sa carrière que le
bilan des écoles normales était largement positif et que Lionel Jospin avait
cassé le mouvement en les supprimant et en créant les Instituts
universitaires de formation des maîtres. Quand le SNUDEN se transforma en
Syndicat national des directeurs des Instituts de formation des maîtres, il
en demeura membre du BN, puis il siégea à celui du Syndicat national des
inspecteurs pédagogiques régionaux et des inspecteurs d’académie, créé en
1993 et s’occupa des retraités.
Parallèlement, Jean Haremza, ayant fait partie d’un mouvement politique de
la Nouvelle gauche luttant contre la guerre d’Algérie, avait adhéré comme
son épouse, au Parti communiste français en 1957. Il participa à Douai à la
rédaction d’un journal Le Point avec d’autres enseignants communistes. Il
milita à l’association France-Pologne durant une quarantaine d’années à
partir du début des années 1960. Il y était entré via l’Association
Oder-Neisse, auprès de Georges Castellan, et adhéra à France-République
démocratique allemande dont ce dernier fut président. En juillet 1962, il
accompagna une cinquantaine de mineurs silicosés invités dans une maison
syndicale de Szczawnica près de Zakopane. À la demande de Luce Langevin, il
représenta l’Université française à l’inauguration du lycée
Marie-Curie-Slodowska à Gdansk à la Toussaint 1967. Dans cette association
créée par Joliot-Curie à la Libération, où se retrouvaient des personnalités
politiques très diverses, allant de Maurice Schumann et Gaston Palewski aux
dirigeants communistes, en passant par Léo Hamon, Michel Crépeau ou Edgar
Faure, il participa à tous les congrès nationaux et rédigea souvent les
motions finales devant tenir compte de toutes les sensibilités. Président
délégué adjoint au côté de Maurice Bouvier-Adam, il organisa le congrès en
1983 au château de Blois. Dans les années 1960, Jean Haremza milita
également à France-Tchécoslovaquie, association à laquelle son épouse avait
été la première à adhérer. Il accompagna essentiellement des voyages
touristiques. Militant par ailleurs dans le Mouvement de la Paix, il
participa en 1977 à Varsovie au Congrès international des constructeurs de
la Paix.
Sa retraite prise, Jean Haremza ayant quitté le PCF dans les années 1980,
s’impliquait dans diverses associations, était membre fondateur de
l’Association pour le patrimoine culturel et sa pédagogie, militait au
Centre intercommunal d’action sociale, appartenait au comité de rédaction de
A tou tâge et au Comité des sages de Blois pour réfléchir au projet de «
Blois-2020 ». Adhérent de l’Association des élèves et anciens élèves des ENS
Fontenay-aux-roses et Saint-Cloud puis Lyon, il en fut un membre très actif,
élu du bureau, vice-président puis président d’honneur, et il animait encore
avec son épouse la Régionale Centre quand survint brutalement son décès.
Outre des récits autobiographiques, le bulletin de l’association publia de
nombreux témoignages d’amitié et de sympathie d’anciens élèves et collègues
en hommage à cette forte personnalité, humaniste et pédagogue engagé.

SOURCES : Arch. IRHSES. — Récits autobiographiques de l’intéressé et
témoignages in Bulletin de l’Association des élèves et anciens élèves des
ENS de Lyon, Fontenay-aux-Roses et Saint-Cloud, 2008/2. — Sites Internet. —
Notes de Jacques Girault et Robert Prosperini. — Renseignements fournis par
son épouse.

Alain Dalançon