mercredi 23 janvier 2019

Dialogue social dans la papeterie Fléchey à Troyes décembre 1822


  



 Fin du conflit social dans la papeterie de MM. Fléchey 
 Troyes
décembre 1822

« Le 10 de ce mois, M. le Procureur du Roi, dont le zèle infatigable dans ses fonctions se manifeste avec empressement dans toutes les occasions qui intéressent le commerce de cette ville, informé par la Police, que les ouvriers coalisés de la papeterie de MM. Fléchey ne travaillaient point depuis plusieurs jours, et laissaient chaumer (sic) cette fabrique, sous prétexte que leurs maîtres voulaient modifier leurs anciens usages, et leur imposer des conditions plus onéreuses, se transporta dans cette usine avec un des commissaires et des agents de police.
Ce magistrat réunit les maîtres, contre-maîtres et ouvriers des deux sexes, au nombre de soixante environ dans un des ateliers : il reçut leurs plaintes, écouta leurs observations, s’entretint longuement avec eux sur leurs prétentions respectives, leur lut la loi du 2 septembre 1796, sur les papeteries, contenant les devoirs réciproques des maîtres et ouvriers, l’abolition des usages et de privilèges abusifs ; il leur fit connaître aussi les dispositions rigoureuses des articles du code pénal sur les coalitions d’ouvriers pour faire cesser le travail dans les fabriques. M. le Procureur du Roi déclara aux ouvriers que par le seul fait de la discontinuation de leurs travaux, ils étaient passibles des peines sévères prononcées par la loi ; il leur dit que si le nouveau règlement dressé par leurs maîtres ne leur convenait pas, s’il lésait leurs droits, ils pouvaient s’adresser, pour le faire réformer, soit à la juridiction paternelle du conseil des prud’hommes, soit à M. le juge de paix ; mais que dans aucun cas, et sous aucun prétexte, ils ne devaient cesser leurs travaux, ne s’imposer entre eux des amendes, défenses, interdictions, etc.
Ces ouvriers qui avaient méconnu l’autorité de leurs maîtres, jusqu’à leur manquer d’égard et de respect, malgré leurs bons procédés pour eux, qui paraissaient déterminés à ne point se soumettre, écoutèrent avec calme et intérêt les justes remontrances  qui leur furent faites. M. le Procureur du Roi dicta en leur présence le procès-verbal de son transport, et ne leur laissa point ignorer qu’ils seraient traités sans ménagement s’ils ne rentraient de suite dans le devoir. Tous les ouvriers se trouvèrent le lendemain à quatre heures du matin, à l’appel, à leurs postes : depuis ce moment la fabrique est en pleine activité ».

publié le 15 décembre 1822
 dans le « Journal politique du département de l’Aube »


Le Procureur du Roi a rappelé le contenu de l'Arrêté du Directoire exécutif du 16 Fructidor an 4 (2 septembre 1796) destiné à réprimer les usages des ouvriers papetiers contraires à l'ordre public : de chômer des fêtes de coteries ou de confréries, de s'imposer mutuellement des amendes, de provoquer la cessation absolue des travaux des ateliers, d'en interdire l'entrée, d'exiger des sommes exorbitantes des propriétaires...

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