mardi 3 décembre 2019

"Pauvre province" Journal de l'Aube 12 janvier 1831





Journal de l’Aube
N° 1318
12 janvier 1831

Pauvre province !

Quand on gratifie Paris d’une amélioration quelconque dans le service d’une administration publique, il y a tout à parier que cette amélioration devra tourner au préjudice de la province. C’était comme cela sous tous les ministres de Charles X, et il parait qu’il doit être encore longtemps ainsi. Paris est toujours la capitale, et nous autres32 millions seulement de contribuables, gens de la province, bons, un peu endormis, pas taquins, et pouvant servir à l’occasion de parias. Voilà un fait nouveau, grave dans ses conséquences, et pourtant inaperçu du grand nombre……
L’année dernière le courrier de Paris arrivait à Troyes, dans cette maison entre dix et onze heures. Les lettres étaient distribuées en ville entre onze heures et midi…
Mais voilà que tout est changé.
Le courrier de Paris n’arrive que très rarement avant une heure à Troyes, et c’est souvent à près de deux heures que la distribution se fait…
Voici donc le public et tout notre commerce empêché de répondre dans la journée…
C’est qu’il a été décidé, dans la capitale, que la taxe des lettres des départements, qui se faisait à l’arrivée à Paris, se fera dorénavant au départ dans chaque direction. (en province).
On surcharge d’un travail extraordinaire les directeurs de postes de nos départements pour alléger d’autant MM. Les employés de Paris qui pourront arriver plus tard encore à leur bureau, et qui auront deux heures de plus pour lire le Constitutionnel, voire même de préférence la Quotidienne et la Gazette…
Et il y a à Paris des journaux qui se disent de la France, des Tribunes qui se disent des départements, des Courriers qui se disent des communes, et pas un peut-être ne relèvera en deux lignes l’abus que nous signalons ici.

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