vendredi 7 janvier 2022

Disparition de René Lemarquis, professeur à l'école normale de Troyes, militant syndicaliste 1923-2021


Nous apprenons avec tristesse le décès du plus vieil auteur du Maitron, René Lemarquis, à 98 ans, actif intellectuellement jusqu’au bout.

 René Lemarquis est né le 13 août 1923 à Granges-sur-Vologne (Vosges), il est décédé le 4 novembre 2021 à Saint-Lô (Manche). ;

Professeur d’École normale d’instituteurs et de lycée ; militant syndicaliste de la FEN, dans l’Aube et à Montreuil (Seine-Saint-Denis) ; responsable aux Jeunesses socialistes puis trotskyste ; collaborateur du DBMOF et du DBMOMS.

 

Son parcours militant dans l’Aube

En octobre 1950, René Lemarquis entamait sa carrière de professeur d’école normale d’instituteurs. Il avait opté pour l’histoire-géographie où il fut reçu au CAPES. Il fut d’abord nommé à l’École normale de Commercy (Meuse). En 1952-1953, il fut détaché, après proposition de l’Inspecteur d’Académie, au collège d’Europe de Bruges (Belgique). Il fit des voyages d’études en Sardaigne et à Berlin, quelques semaines avant le soulèvement ouvrier de juin 1953. Il put, à l’époque où se formait la CECA, apercevoir les dangers d’une orientation vers une Europe libérale opposée à l’idéal d’États-Unis socialistes de l’Europe.

 Il fut nommé ensuite à l’École normale d’instituteurs de Troyes (Aube) en octobre 1953. Il avait conservé son domicile à Montreuil (Seine) où vivait son épouse Monique Lecouflet (ils s’étaient mariés le 13 novembre 1947 à Montreuil ; ils eurent trois enfants) qui avait été membre de la JCI et était devenue institutrice à l’école publique Decroly (annexe de l’École normale de la Seine). Il passait encore parfois au local du PCI, rue de l’Arbre Sec, au début des années 1950. Il écrivit même une brochure sur un « Parti ouvrier et syndical » avant d’abandonner ses visites.

Adhérent depuis 1950 au syndicat FEN des professeurs d’École normale, Lemarquis avait été en 1952 délégué au congrès national de la Fédération. Dans l’Aube, il fut de 1953 à 1960 responsable de ce syndicat et élu à la commission académique paritaire à Dijon. Il succéda ensuite à Prosper, secrétaire du SNI, à la tête de la section auboise de la FEN. Il s’efforça de faire paraître un bulletin départemental de la Fédération avec, en particulier, Marcuard du SNI et Tilquin du SNES.

Dans ce département où il n’y avait pratiquement pas de conflit de tendances, il agit dans le CLAL contre les lois antilaïques Marie-Barangé et dans des actions communes avec les syndicats confédérés du secteur public (EDF surtout). Il fut délégué à trois congrès nationaux de la FEN (1956, 1958, 1960). Très sensibilisé par les problèmes coloniaux, René Lemarquis intervint contre la guerre d’Algérie. Après les événements de février 1956 à Alger, il parvint à réunir dans une déclaration commune parue dans la presse troyenne les principaux partis et syndicats ouvriers. En tant que membre du Comité des Intellectuels contre la guerre en Afrique du Nord, il recevait les signatures des opposants à la politique du gouvernement Mollet. Il participait parfois aux réunions de la Ligue des droits de l’Homme où il fit un exposé sur les conséquences pour les syndicats des nouvelles formes de travail issues du taylorisme.

À la suite des événements de 1956, il fit en 1957, à l’invitation d’un ami de l’UGS une conférence sur la question hongroise à l’hôtel de ville de Troyes où il eut de vives mais courtoises discussions avec le responsable communiste Jean Burles. Le coup d’État d’Alger et le retour du général de Gaulle rapprochèrent les opposants à la nouvelle Constitution. René Lemarquis intervint dans deux meetings, à Romilly et Troyes avant le référendum de septembre 1958 ; Durant les journées de mai, son intervention très dure contre les parachutistes faite à la tribune de la Bourse du Travail de Troyes fut dénoncée et attaquée par le journal parisien L’Aurore. Les mois suivants, lorsque les « ultras » d’Alger et les officiers devinrent menaçants, il fut en contact avec Georges Guingouin (qu’il avait défendu avec le SNI les années précédentes). Celui-ci envisageait la possibilité d’un soulèvement fasciste en France et les moyens concrets de s’y opposer.

En octobre 1960, René Lemarquis fut nommé professeur au lycée de Montreuil (Seine, Seine-Saint-Denis) où il devint secrétaire du SNES jusqu’en 1967 puis membre du bureau délégué au CLAL (Comité local d’action laïque) de la ville.

 

(extrait du Maitron)

 

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