lundi 27 mars 2017

Remerciements de Stanislas Gaïurski, réfugié polonais, docteur en médecine

Stanislas Gaïurski, né en Pologne  en 1811, réfugié en France, à Amiens, Montpellier puis Troyes, a exprimé plusieurs fois sa gratitude au peuple français pour son hospitalité.

En 1840, lors de la  soutenance publique de sa Dissertation sur la fracture de la rotule. Tribut académique à la Faculté de Médecine de Montpellier, le 16 Novembre 1840; par C.-Stanislas Gaiurski, de Miendzyboz, gouvernement de Podolie (Pologne); Docteur en médecine, Ancien Professeur de Latyczew, Chirurgien externe de l'Hôtel-Dieu d'Amiens (Somme), honoré du premier prix, le 8 Novembre 1838, pour les soins portés près des malades civils et militaires par 1'Administration des Hospices de la même ville.






Aux Français



Après nous avoir chassés de nos foyers, la tyrannie, toujours ingénieuse dans ses persécutions, nous a poursuivis sans relâche dans les différentes parties de l’Europe. Nous serions encore à la merci de ses coups, si vous ne nous aviez tendu votre main hospitalière. Honneur à vous dont le cœur recèle tant de sympathie pour le malheur ! Non contents de subvenir aux besoins matériels de la vie, vous nous avez ouvert les portes de vos facultés, où d’illustres maîtres nous ont initiés dans l’art de soulager nos frères. Tant de bienfaits, que je suis heureux de proclamer en ce jour solennel, vous assurent la reconnaissance et l’amitié de tous ceux qui sont réellement Polonais.



 



Stanislas Gaïurski



 novembre 1840

 

En 1841, il est médecin à Troyes et il épouse à Estissac, Justine Menneret, veuve d'un officier de santé Antoine Mathieu Drollet.

En 1846,  l'Aube se mobilise une nouvelle fois pour venir au secours de nouveaux réfugiés polonais. Une campagne de souscriptions en leur faveur est lancée au mois de mars  par Amédée Aufauvre, rédacteur en chef du journal "Le Propagateur de l'Aube" elle rencontre un grand succès. Le journal publie régulièrement des listes de souscripteurs provenant de Troyes et de plusieurs villes et villages de l'Aube.

 

Le Docteur Stanislas Gaïurski, médecin troyen, adresse alors les remerciements de la communauté polonaise de l'Aube.




Monsieur le Rédacteur,

 

C’est au nom de trente et quelques polonais résidant dans le département de l’Aube que je viens vous adresser nos remerciements pour l’intérêt que vous avez témoigné à notre chère patrie.



La population n’est pas restée insensible en présence des sympathies qui se produisaient de toutes parts, et son noble et généreux élan nous a pénétrés tous de la plus vive et plus durable reconnaissance. Quel cœur ne serait pas ému en face de tant de manifestations inspirées par le désir de voir l’affranchissement de la Pologne. Puisse notre infortuné pays triompher de ses oppresseurs. Alors la France et la Pologne unies dans une mutuelle concorde et marchant ensemble vers le même but, seraient la plus puissante garantie de liberté et de progrès que l’Europe puisse posséder.



Vous, ministres du culte catholique, recevez aussi par ma faible voix le gage de notre vive reconnaissance. Vous avez compris que la cause polonaise est aussi la vôtre. C’est dans les croyances de nos pères que les proscrits et les opprimés ;ont trouvé des consolations ; ce sont elles qui inspirent, les insurgés, et ce sera avec leur aide que tôt ou tard la Pologne finira par reconquérir sa place parmi les nations…



On ne renonce pas plus à son Dieu, qu’à sa patrie, qu’à sa liberté ! Aussi quels que puissent être les efforts du despotisme ; qu’on décime la Pologne, qu’on la brise, aussi longtemps qu’il y restera des habitants, il y restera des bras pour porter les armes contre les oppresseurs, et des voix pour proclamer nos droits. Oui, nous en avons la conscience. La Pologne revivra, reprendra sa place et sœur de la France dont son intelligence et ses instincts la rendent dignes, elle prouvera ce que peuvent réunis dans un même sentiment, la liberté, le droit et la foi. Veuillez agréer, etc. »



Stanislas Gaïurski,


Docteur en médecine, réfugié Polonais

Le 4 avril 1846

Stanislas Gaïurski décède le 17 mars 1859, âgé de 47 ans, en Afrique dans la province de Tripoli, lors d'une mission contre la peste qui sévit dans la région de Benghazi. Son dévouement est souligné dans le Recueil des travaux du Comité consultatif d'hygiène publique en France et des actes officiels de l'administration sanitaire tome 4. Le rédacteur témoigne de l'engagement remarquable de ce médecin d'origine polonaise naturalisé français et propose de solliciter l'aide de l'empire ottoman pour subvenir aux besoins de sa veuve et de ses enfants restés sans ressource en France.
Son épouse devient marchande de mercerie au détail, au 2, du quai Napoléon. Elle décède, âgée de 85 ans  à Troyes en 1891.

 

 

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